4.3.13






C, 13h12. Affamée et frigorifiée.


Lady D, 10h39. A toute l'éternité devant elle, et un petit beurre.



Pauline, 9h36. Un livre à la main, se remémore un passé, pas si passé que ça. 



Charlotte, 11h03. Tente d'ouvrir les yeux.





Celine, 9h56. Affirme qu'elle a arrêté de fumer.


Marceau, 21h34. S'apprête à sortir après une sieste devant un film.


Alban, 10h05. Discute politique entre deux cours.


C, 17h13. A la tête dans les partiels, mais les pieds ailleurs.


C. 12h33. En retard.


Etienne, 16h02. Toujours une cigarette dans l'autre main.


Robin, 18h15. Jamais trop de sucre. 


Cyril. 20h37. Un peu désespéré devant ses copies à corriger. 


Mathilde, 11h59-12h20. Essaye de se remémorer ses rêves de la nuit précédente. 


Madame Horittman. 14h03. Laisse toujours une trace de rouge à lèvres sur son passage.


C. 17h39, s'entaille le doigt à coup de linogravure.


Inconnu. 19h14. Avait probablement quelque chose de plus important à faire.

Claude, 17h27, dans le train Göteborg-Stockholm. 


Filipe, 14h02, fait le croquis d'un futur tatouage.



Robin et Charlotte, 10h33, une pause dans la gare de Rennes



Johnatan, 17h30, venu d'Australie pour jouer au Dunk!festival





Sylvie, 15h56, Tout juste arrivée à Stockholm.


Cyriel et Charlotte, 14h47, au saut du lit.


Amélie, 12h20, reste perplexe qu'une inconnue prenne son café en photo.


Cyriel, 2h07, traduit de l'allemand au français.



La voisine, 23h29, n'a plus de cafetière.



Paulette, 14 h 58, fête un anniversaire.


Alexandra, 0h41, doit lire 300 pages pour le lendemain.



Marie, 0h56, n'aime pas le café et le remplace.


Graesch, 15h04, et les poires au vin.


Claude, 11h57, en route pour Montparnasse.


Le Prince et la Princesse, 13h10, un petit déjeuner de roi avec des croissants.


Sylvie, 10h16, découvre Poitiers.


Charlotte, 16h33, dans une relation passionnée avec Romain Gary.


Claude, 9h49, prend des forces pour découvrir Göteborg.





Agnès, 23h46, une soirée entre vieilles copines claquettises.


Louis Victor, 07h57, va s'attaquer au cours de linguistique.


Robin, 17h24, offre un sourire pour changer les idées.


Aucun souvenir.


Etienne, 19h38, n'aime pas le café et le troque contre une Guiness.


Paulette, 13h09, dans l'attente d'une visite à l'hopital.


Cyriel, 22h42, fait une nouvelle rencontre.


Régi, 8h16 et sa nuit blanche à Soignies. 

21.11.12



Électrocinétique du coeur.

"Aux siècles passés, les histoires princesses étaient racontées par des petits fouineurs sans états d'âme. Souvent, la fin était changée parce que les narrateurs, en vérité, ne savaient fichtrement pas ce qui avait pu arriver à la demoiselle en détresse, ni à ses longues jambes. Un coup sur trois, elle faisait office de repas à un dragon, et parfois, quand elle avait un peu de chance, elle finissait cloquée jusqu'à exploser, attendant solennellement qu'un nouveau monstre vienne la délivrer de son cher prince charmant. Ça c'était dans l'ancien temps, quand on ne connaissait pas encore l'électricité Maintenant, ce sont mes histoires, et elles vont être racontées par des journalistes puants. Selon leur légende, je serais tombé raide. J'aime pas trop qu'on raconte des bêtises sur moi, alors je vais mettre les choses au clair. Peut-être que je finirais entre La Belle au Bois Dormant et La Princesse Au Petit Pois, à la lettre P pour " le Petit Garçon Électrifié", dans votre bibliothèque municipale. Ça vaudra peut-être de l'or, et ça fera à coup sur quelque chose à raconter à vos gamins.

Je suis ici pour qu'on me recharge mes batteries. J'ai eu une panne, en pleine rue l'autre jour. Ils ont dit que j'étais tombé raide. A plat. Alors ils m'ont amené ici pour me ré-animer. Je crois que mon plan a fonctionné comme je le voulais. Je viens de me réveiller dans un lit aux draps écrus. Il grince. Chambre 11. 18 carreaux au plafond, et quatre barreaux sur la porte-fenêtre. J'ai envie de les ronger avec mes dents, mais je ne suis pas assez grand, alors je vais attendre qu'on m'ouvre. On va bien finir par m'ouvrir. Hein. Je ne sais pas depuis combien de temps ma carcasse est ici, mais je commence à trouver le tour d'horloge un peu long. J'ai mangé, ça c'est sur, il y'a cette odeur d'oeuf baveux qui se heurte violemment contre mes papilles, c'est dégoutant.
L'étape précédant le supposé repas forcé était un détour dans le bureau d'un homme à forte corpulence, étriqué dans son costume de velours noir. Habit qui, soit dit en passant, aurait pu lui servir de gant de toilette, tant il était petit. Ce monsieur m'a dit de m'assoir sur une chaise et de lui raconter des histoires de ma vie. Il devait probablement s'attendre à de grandes épopées, des batailles de corsaires au bac à sable, des combats contre le terrifiant cerbère de la voisine d'en face, parce qu'il m'a demandé de parler essentiellement des faits marquants de mon enfance. J'ai trouvé ça étrange parce que mon enfance, j'ai encore les deux pieds dedans, mais il avait l'air curieux alors je lui ai raconté que j'avais grandi avec mes parents dans une ferme à la campagne, en plein coeur de Ratwodere, un petit village. Elle était vraiment magnifique, cette ferme. Il y'avait des petites vaches, des petits moutons, des petits oiseaux, un petit Otto, et des grands Papa et Maman. Papa et Maman étaient heureux, comme le reste des animaux. Et puis il y'a eu ce problème... Ils ont été très malades tous les deux. Pas un seul degré de fièvre, ni de cheveu qui tombe. Non. Papa et Maman ont eu un soucis à leur coeur. Un coté n'était plus attiré par l'autre. Et quand l'un des deux pôles ne marche pas, l'autre non plus. C'est ainsi que l'unique coeur de Papa et Maman a cessé de fonctionner. Sans raison, d'un coup comme ça. On s'y attendait pas. L'enterrement était un jeudi, le coeur a été déposé à une trentaine de centimètres sous nos pieds. On était tous habillés en noir, les larmes au bord du vide, mais personne n'a apporté de fleurs.
Ce petit coeur brisé s'est décomposé puis répandu peu à peu dans le monde d'en dessous. D'abord il est passé par les larmes, ensuite par les flaques d'eau, puis dans les nappes phréatiques. Il a commencé à contaminer les vers de terre, les limaces et les animaux de la foret qui s'abreuvaient à la rivière. Et enfin, toute la population de Ratwodere. Il a semé cette horrible maladie qui s'appelait l'amour. Ça a fait des dégâts, vraiment beaucoup de dégâts. "Quelques dizaines de morts" selon le journal local. Un record depuis 1924.

Ce monsieur, avec sa paire de lunettes de travers et ses sourcils tombants, il m'a demandé de lui parler un petit peu plus de ce coeur sous terre. Il n'avait pas l'air de connaitre grand chose en dehors de son bureau grisâtre, alors j'ai décidé de lui dire la vérité. Nous avons du déménager à cause de la maladie. Il faut dire que c'était très contagieux, et je n'avais pas envie de tomber malade moi. Je l'ai vu se redresser sur sa chaise grinçante, les coutures de son costume prêtes à exploser, alors j'ai continué en lui disant qu'un jour j'y étais retourné. Par curiosité, comme ça, oui, je suis assez curieux comme garçon d'après le diagnostique de ma mère. Enfin, bref, j'y ai vu un arbre gigantesque à la place du trou que Papa avait creusé. C'était un arbre à coeur, sublime. Je me suis empressé de remplir mon cartable des petites fleurs rouges échouées au sol. Les genoux dans la terre, je m'amusais à les gonfler en soufflant dedans, et une fois rentré à la maison, je les faisais sécher dans un petit bocal en verre. J'ai encore du mal à comprendre pourquoi, mais ça a fait revivre un truc en moi. Un truc que j'avais perdu depuis ma contamination par ce que les habitués appellent le "divorce". Mes mains étaient pleines de poussière, les petits cailloux collaient à mes jambes, et mon coeur lui, a fait quelque chose d'incroyable. Il s'est remis à fonctionner. Le tic tac était de nouveau en marche et battait gaiement la mesure, alimentant ainsi mon organe à moi. J'en fus étonné, mais très heureux. Il y'avait cette pulsation en moi qui me faisait revoir la vie en couleur. Du coup j'ai commencé à emporter ce trésor partout avec moi. A l'école, chez le médecin, à la maison, Partout. Je n'avais pas d'amis, mais si j'en avais eu, je l'aurait aussi emmené chez eux. Les gens avaient du mal à comprendre, et j'ai eu beaucoup de reproches à cause de ça. Surtout de la part de Madame Colline, mon institutrice qui disait que ça perturbait les autres élèves. Mais c'était tout chaud en moi, à l'intérieur de ma cage, et c'était tout ce qui importait. J'ai réussi à cohabiter avec ces joyeux battements dansants dans mes veines quelques années. De belles années en plus.

Une fois, j'allais chercher le pain, et en arrivant sur le boulevard des Météorites, un homme m'a bousculé très violemment. Il ne s'est pas excusé, ni retourné, il a juste continué de marcher. Moi, je suis resté là, paralysé, à regarder mon bocal s'exploser contre le sol. Il y'a eu une fontaine d'éclats de verre. De gouttes se sont échouées sur ma peau, et ça a dessiné des petits ruisseaux rouges tout le long de mon visage. Il y'en avait partout sur le sol et le long du trottoir. Un massacre. Sauf que le monde entier n'en avait rien à faire, il n'a même probablement rien vu. Les passants ne se sont pas arrêtés, ils ne m'ont pas demandé comment j'allais, ils se sont contentés de piétiner mes fleurs pour courir après leur fichus bus en faisant crisser le verre contre leur semelles en bois. C'est comme si tout le silence à l'intérieur de mon bocal, et tout son vide gardé pendant des années au chaud dans le creux d mes bras, devenait un courant glacé qui pétrifiait tous mes membres. D'abord mes pieds, gelés. Puis mes jambes, immobilisées. Et mon coeur. Et mon coeur. Il s'est arrêté. J'étais une carcasse sous vide au bord de la vie.
Bon, il ne s'est pas arrêté complétement, il restait encore un peu de batterie. Sinon je serais mort, hein. Mais je n'en ai pas dit plus à cet homme. Il n'avait pas besoin de savoir ce qui s'était passé. C'est intime ça, la douleur. Ça ne se partage pas avec n'importe qui. En plus, sa moustache ressemblait à des mauvaises herbes sur un rocher de lèvres gercées, ça ne m'inspirait pas vraiment confiance. Et d'ailleurs, ça n'était même pas beau à voir. Mais il fallait qu'il m'administre certains soins pour que mon plan fonctionne. J'avais besoin de ce psychologue, il était le seul à détenir le pouvoir qu'il me fallait. Alors pour qu'il s'intéresse à moi, j'ai commencé à faire mon intéressant quitte à tomber dans les clichés. Pour etre un minimum crédible, je devais faire ce que tous les autres font dans ce cas-là. J'ai donc mordu mon siège, fait tomber ses crayons et puis je me suis jeté sur lui. Tout simplement. Je me suis dit qu'il ne fallait pas que j'en rajoute non plus, si j'étais dans son bureau c'était déjà parce que mon cas était repéré. Si je répète cette action deux ou trois fois encore, il devrait craquer et abuser de son pouvoir magique. Celui qui allait refaire fonctionner les montagnes russes dans mon coeur.

Ce qui je ne lui ai pas dit parcequ'ils m'ont ramené de force ici, c'est que suite à cet incident, celui du bocal, j'ai préféré rester quelques temps chez moi. Dans ma chambre je veux dire. La cabane en dessous du lit, avec une couverture, et deux oreillers. Il fallait absolument que je retrouve un moyen de faire fonctionner mon coeur. J'étais dans le négatif, et il me fallait du positif. J'ai fait une réunion d'urgence avec mes compagnons. L'armée de petits soldats, Eliott le poisson rouge, et le tigre en peluche. Je les ai convoqué eux, et non Wilfred le chat, parce que lui ne pouvait pas comprendre. Il avait un coeur, alors que nous non, il allait donc nous induire en erreur. Ca a duré plusieurs heures, il y'a eu beaucoup de cris, quelques pleurs, mais on en est arrivé à une seule et unique conclusion : Le courant devait repasser en moi. Tout bêtement. Le courant devait refaire battre mon coeur.

Après ça, j'ai tenté de me reconstruire un nouveau rythme sans mon bocal à coeurs. C'était dur. Vous savez, quand vous n'avez l'habitude de quelque chose, que ça vous est vital et que d'un coup, ce petit quelque chose n'est plus là. Vous n'êtes plus qu'un objet inanimé, un petit soldat de plomb inerte dans son lit le matin, à entendre son réveil sonner en déroulant une infinie que vous ne pouvez attraper. Et ne plus savoir quoi faire. Ne plus avoir l'étincelle de provoquer la vie. J'ai donc arrêté d'aller à l'école, bien sur maman n'en savait rien. Je partais avec mon vélo le matin, j'attendais une quinzaine de minutes derrière l'arbre devant la maison, et une fois sa voiture partie je me faufilais jusqu'à la petite fenêtre de la salle de bain restée ouverte. Et à partir de ce moment là, j'avais tout ce royaume pour moi, et mon plan.
J'ai pensé d'abord, à des petites piles. Je suis donc allé chercher mon réveil. En le tapant du plat de ma main j'ai fait tomber les piles. J'ai mis mon index gauche, et droit dans ma bouche pour les mouiller, et une fois la chose faite, j'ai fait pression en mettant la pile au milieu. Il ne s'est produit qu'une gentille petite chatouille. Rien de plus. Je sentais mon coeur ralentir un tout petit peu. J'ai vite compris que le temps pressait, qu'il fallait que je me dépêche de trouver un solution si je ne voulais pas mourir d'une panne électrique. Ou devenir un enfant mort-né, qui n'avait que commencé à vivre. Stillborn, comme disait Madame Colline à l'école. Je trouvais le mot joli, mais je n'avais en aucun cas l'envie d'en devenir un alors j'ai couru au supermarché m'acheter quatre paquets de piles avec mes économies. Les bonbons attendront, pour l'instant je n'ai plus le pouvoir de les déguster, ils n'ont plus de gout... Alors autant manger des cailloux et acheter des piles. De retour à la maison, j'ai mis cinq dans un verre d'eau. Et je l'ai bu, d'une traite, avec un peu de sirop de fraise. Ça n'a rien fait. Échec total.
Du coup, j'ai filé dans la baignoire, j'aime beaucoup les baignoires, et j'y ai déversé un paquet entier. Je m'y suis glissé tout habillé, et j'ai attendu. Dix minutes, un livre à la main. Vingt minutes, je joue avec le cordon de mon pantalon. Quarante minutes, l'eau est glacée. Au bout d'une heure, je me suis dit que ça n'était plus la peine d'attendre. Le rythme de mon tictocard diminuait encore. La peur apparaissait pendant que toutes mes hypothèses tombaient à l'eau. Et moi j'étais là, dans mon bain, tout habillé. En train de devenir un enfant mort-né qui ne connaissait plus la vie.

J'ai décidé de faire mon pirate de baignoire, et j'ai pillé l'armoire à pharmacie. Coupe-ongles en main, et j'ai ouvert mon avant-bras de 5 centimètres environ. J'y ai glissé une pile électrique à l'intérieur et j'ai refermé avec des pansements. Ça ne collait pas très bien avec les vagues rouges qui s'en échappaient, mais je les ai placés en croix, et ça tenait tout de suite mieux. J'ai senti un petit frisson qui partait de mon bras et qui se propageait partout dans mon corps. Un peu de chaleur et un léger tic tac qui résonnait.
J'ai tenu trois jours comme ça, en changeant de pile à intervalle régulier toutes les cinq heures. Je mangeais de nouveau des bonbons qui avaient gout de soleil. Je buvais de la limonade qui éclatait dans ma bouche. Et ca me faisait rire.
Au bout du troisième jour, Maman l'a remarqué. Ce trou dans mon bras. Ça me piquait, et la plaie commençait à sentir un peu bizarre, bref ça a attiré son attention. J'ai fini par attendre deux heures aux urgences, elle m'a trainé de force dans la voiture pour m'y emmener. Le chirurgien m'a dit de ne pas recommencer, c'était mauvais pour mon coeur. Et mauvais tout court d'ailleurs. Je n'y croyais pas trop. De retour à la maison, j'étais surveillé sans arrêt. Mes batteries se déchargeaient et il fallait que j'opère.... Vite. Je lui ai donc fait le coup des piles trois fois en attendant de trouver une idée, ce qui m'a valu trois séjours aux urgences. Et ça a probablement provoqué celui-ci, dans cette chambre sur ce lit à ressorts. Mais tout cela est voulu.

Suite à l'épisode des piles, j'ai tenté d'innover un peu. Il me fallait plus que ça. J'ai mis les doigts dans les prises. Ça m'a fait survivre une journée. J'ai mis dans ma bouche le câble d'alimentation du téléphone. Deux jours. Je me suis collée aux antennes sur le toit pendant un orage. Quatre jours. Mais je ne retrouvais pas cette étincelle. J'étais définitivement vide. Je n'étais plus mort né, je n'avais jamais existé. Au bout d'une semaine, j'étais à plat, et je n'avais toujours pas d'idée révolutionnaire. Je commençais à m'inquiéter vraiment, alors, désespéré, j'ai dansé la tête cognée contre les murs. J'ai dansé tellement fort, que maman m'a emmené ici.
Et maintenant, je suis là, forcé à raconter ma vie à un homme qui a raté la sienne et à rester assis sur un lit trop blanc et trop propre. Dans une pièce sans courant électrique, condamné à mourir à petit feu. Et c'est là que le déclic est arrivé, j'ai compris ce qu'il me restait à faire en regardant les affiches placardées dans le couloir. Je n'ai plus qu'une solution pour refaire battre mon coeur, et cesser d'être un robot sans pile. Et si j'échoue, autant me débrancher. "


— C'est tout ce que nous avons trouvé. Le petit Otto Ellis n'a laissé dans sa chambre que cette feuille griffonnée. C'était peu avant son transfert dans le bâtiment G... Un gamin de 12 ans qui s'est payé notre tête, vous y croyez vous Docteur ? !

— Vous n'avez rien vu d'autre ? La suite de son histoire par exemple ? Car en thérapie, il n'est plus bien causant depuis son traitement.

— C'est à dire qu'il n'est plus vraiment en état d'écrire à présent. Son ambition de finir à coté d'une princesse dans une étagère à la bibliothèque municipale tombe à l'eau. Le bougre qui s'occupait des électrochocs les a mal placés. Ça l'a rendu aveugle.

— Oui j'ai vu ça, ça arrive. Pauvre gosse.

— Mais regardez-le de plus près, Docteur, regardez ce beau sourire sur son visage. Il rayonne. On entendrait presque son coeur battre. *

7.2.12

Raskass d'un Tictocard prisonnier.


- Bon alors, ça sera quoi, hein?

Il y avait moi, autrement dit Alex, et mes trois compagnons, autrement dit Le Tiroir Caisse, La Vitre, et Mon Siège. Le Tiroir Caisse est à moitié vide, La Vitre me sépare des clients et de leur sale haleine, et Mon Siège lui, se dévisse sans arrêt. Belle équipe de bras cassés.

On m'a collé à la caisse de ce foutu cinéma. Le Royal. C'est tzarrible. Ils m'ont vu débarqué le jour de l'entretient et ils se sont dit que j'avais une parfaite gueule pour passer en haut de l'affiche. Puis après, ils m'ont vu m'assoir sur leur tabouret grinçant, et ils se sont dit cette fois que j'avais une parfaite gueule pour passer derrière la caisse. Merdzkoi. Une parfaite gueule de caissier. Vous y croyez? On m'la fait pas. J'essaye de voir le coté positif, derrière cette vitre, je peux garder mon chapeau. Il va bien avec mon costume blanc. C'est ma tenue de travail personnelle que je me suis autorisée moi-même. Je me sens bien dans ces platrusques usées. Le faux-cil j'ai du l'enlever depuis que mes protèges-glaze me font mal.
C'est la mortissure derrière cette vitre. Les gens vous prennent pour un petit animal en exposition dans un de leurs minables zoos qui sent l'urine stagnante et les bonbons trop sucrés tombés au sol. Ils y vont le dimanche après midi avec leurs gamins, ils payent leur place comme de bons bugattis, et ils sont contents d'avoir vu ce petit singe entouré de bananes en plastiques, ou ce beau serpent aux couleurs acryliques. J'ai toujours trouvé ca dégueulasse. Surtout depuis que c'est moi le reptile que l'on lorgne derrière ce messtot à la noix. Les animaux je m'en carre autant que mon premier sabog, mais comme j'ai le gulliver qui me cogne, je me dis qu'il se calmera peut-être si je dis quelque chose dégoulinant de bons sentiments.
Alors qu'on le sait tous : c'est chacun pour sa gueule ici.

- Bon alors, ça sera quoi, hein?
.
Cette phrase résonne à la sortie de ses goubeuses gercées. Elle cache ses encoches rebondissantes sous un t-shirt trop large, jaune moutarde. Dégueulasse. Sa crinière, elle, me rappelle l'ignoble soupe aux carottes paternelle, et son glazard, quand à lui hésitant, n'arrange rien. Ce n'est pas du tout le genre de minettes que l'on croiserait dans un magaze pour adultes, non, vraiment pas. Je réfléchis mécaniquement durant deux secondes.
Elle fera l'affaire.
J'ai quand meme l'envie incoercible de jouer aux gulligulivices avec elle... Tout comme les centaines de jeunettes qui piaillent chaque jours devant mon guichet. Ca fait désésperé, mais il y a longtemps que je n'ai pas peché de la dévotchka. Le dedans-dehors, c'est pas monnaie courante en ce moment. J'ai mis autant de billets de 20 dans mon tiroir caisse, que de paires de charrières dans mon lit depuis ce dernier mois. C'est à dire deux et demi. Deux billets de vingt, et une contrefaçon. Deux jolies p'tites dévotchkas avec leurs encoches de reves, et une contrefaçon. Oui. C'était un homme, je ne m'en suis rendu compte qu'au moment où j'ai apperçu une de ses yarbilles dépasser. Un putain de grassou, que notre ville ne reverra pas de si tot.

- Bon alors, ça sera quoi, hein?

Pour passer le temps je mets un peu de musique. Beethoven. J'aime bien. Je peux aussi vous raconter les petites raskass de tous les jours. Quand on est, comme moi, le chef d'un équipage constitué d'un Tiroir Caisse, d'une Vitre et d'un Siège, on s'occupe comme on peu. Alors je parle aux gens, comme vous appuyés sur le comptoir, ou bien je regarde le paysage. Souvent c'est la longueur des jupes, et la profondeur des décolltés. C'est intéressant, mais si vous voulez en savoir plus, allez faire un tour dans le vieux kino du Void, histoire de regarder ses cochonneries dans le noir comme tous les autres! On y trouve une faune bien particulière, mais pourtant très diversifiée. C'est ici que j'ai rencontré le vilain grassoussou. Habillé d'une robe à paillettes, les cheveux longs. Comment j'aurais pu deviner? Voyons, on fait tous des erreurs. Si vous voulez donc entendre parler d'histoire de dedans-dehors, courez-y, je ne vous en voudrais pas. J'y vais moi-même souvent, tantôt avec quelques drougs, tantôt seul. Le plaisir est différent, mais généralement là. Si votre truc c'est le glauque, évidement.
Sinon, restez, et vous aurez peut-être l'équivalent d'un film de série B sur un écran huit mètres sur cinq, froissé. Les pop-corns ne sont pas offerts, et la conficonfiotte non plus.

- Bon alors, ca sera quoi hein?

Une fois, je ne tenais plus en place. Quand on reste assis toute la journée sur ce bon vieux Siège tout déglingué, et que l'on boit du moloko à chaque pause, c'est à dire toutes les trois heures, on doit aller se libérer aux water-closet. Ce jour là j'étais un peu pianitza, mon corps distillait encore des vapeurs d'alcool à deux mètres à la ronde. L'avantage de bosser derrière une Vitre, c'est qu'en plus du coté inhumain de la chose, on peut être gouspineux et sentir la forella, personne ne vient nous emmerder. La Vitre fait barrière de protection. Pensez-y la prochaine fois que vous serez à un guichet et que vous verrez cette Vitre glaciale qui vous sépare de votre interlocuteur. Peut-être qu'il sent le viokcho. Moi en tout cas je suis bien content de n'pas vous sentir, vous avez un de ses airs éberloqués des fois, 'faut vous-y voir. Je clopais aléatoirement jusqu'à l'endroit tant convoité - les commodités. Quand j'ai du spoutik dans le sang, il ne faut pas m'énerver. Y'avait un veck, il m'a vu arriver et a dit avec sa golosse ridicule, genre directeur de cirque, "Euh, c'est vous qui vous occupez des toilettes? Il n'y a plus de papier." Petit merdzkoi. Ni une ni deux,c'est ma cancerette qui s'est écrasée sur son front . Moi j'étais complétement razdraze, et lui, il critch critch critchait sans arrêt. Ça s'est finit à coup de grosses godasses sur les doigts. Il lui en faudra, oui, du papier, pour essuyer tout cette saloperie rouge. Un fois ce bazar fait, je suis allé me soulager dans une cabine.

- Bon alors, ca sera quoi, hein?

Oh, la vieille Valérie avec ses mains froides débarque comme un phoque devant moi. Elle me glousse un "une place pour Zardoz". Quel film. Même le p'tit Jésus n'irait pas voir ça. Elle ajoute avec son gros menton graisseux un "enfin deux, si on compte le petit en route". Ah. Un polichinelle dans le tiroir. Mais vu sa tête, le contenu de mon Tiroir caisse aura certainement meilleure allure. Elle caquette un "Merci" et s'en va sous la pluie, tellement un dindon qui aurait avalé un ballon de football. J'aime bien quand il pleut, ca m'donne envie de égosiller la golosse en chantant. En Chantant sous la Pluie. Ça me rappelle avec mon p'pa quand j'étais haut comme trois pommes. Ça m'rappelle un tas de trucs d'ailleurs, bien plus récents.
Mon siège s'est encore dévissé. Je me lève, le fait tourner, et me rassois. Il me fait mal aux yarbilles, c'est tzarrible.
Y'a une p'tite vieille, elle vient tous les jours me voir. Elle ne regarde aucun film, elle n'a pas l'argent. Elle vient là, pour me parler.
Une fois c'est ce vieux bézoumni de projectionniste, Anthony, qui est v'nu me voir. Il m'a demandé si je n'avais pas vu la bobine n°3 d'un film à dormir debout. Je lui ai dit que pellicules de kino j'en avais jamais vu dans ma p'tiote de vie. Et je m'disais que ca devait pas bien etre solide. Il m'a dit, que c'était si solide qu'on pouvait se pendre avec. Mortissure. J'ai eu le tictocard qui s'est emballé. Tic tac.
Depuis cette information, on a plus revu Anthony. Ne me jetez pas de regards accusateurs avec vos grands glazes ouverts. Il n'avait qu'à rien dire. En parlant d'ouvrir grand les glazes, v'la une jolie tchina toute sophistoque qui frappe contre le carreaux. Elle respire le tilt, le fric, a plein nez. Je lui répond, d'un air absent histoire de la faire variter, un


- Bon alors, ca sera quoi hein?

- Le dernier de Kubrick, deux places s'il vous plait.

- Ah, pas possible ma p'tite chérie, la collocolle annonce la pause. Exqui cucuses usées. C'est l'heure d'aller se prendre un petit moloko au distributeur.

- Mais ca ne prendra qu'une minute.

- Vous voyez, y'a marqué Fermé. Vous n'aviez qu'à arriver plus tot. Soit dit en passant, l'histoire d'un tchelloveck ultra-violent qui tappe tout le monde avec sa canne ça arrive tous les jours. Allez donc voir celui la rediff' de Resnais, il parait qu'elle est à mourir de rire.

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Partie 1 d'un projet pour l'instant mort-né. 
(avec le personnage Aleksandr Tchavelski)

L'heure du noctambule a sonnée. 4 heures 23. Tic tac. J'ai les doigts qui me démangent. Sur le bord du lit, assis, je regarde les lacets de mes godasses se battre en duel. Y'en a un, tout déchiré. L'autre en parfait état. Ca symbolise un peu la dualité de l'homme, comme dirait n'importe quel étudiant en lettres, ou charlatant qui fait payer sa consultation plus cher qu'une nuit à l'hotel. Ca tombe bien. Je lis pas. Je vais pas voir de psy. Et j'aime pas les chambres d'hotel.
Je ne fais plus rien et j'aime pas grand chose.
Seulement là, j'ai la valise qui me titille. Une gorgée. Ca me picotte les bras au rythme d'une horloge encrassée. Tic. Tac. Pas d'horloge chez moi. Pas de ça. Les trucs à répétition, ca m'angoisse vous savez. Faire mes lacets ca m'angoisse. Je les fais pas, c'est pour ca qu'ils se battent. Ils passent le temps, ils ont meme l'air de plus s'amuser que moi. C'est un comble. Ils sont deux c'est p'tetre pour ça. A deux on s'amuse plus que tout seul, assis au bord d'un lit qui transpire la cigarette froide, et de draps délavés qui vomissent des cailloux. Je crois que c'est du sable. Deux gorgées. Des fois quand j'ai pas le courage de faire mes lacets, je me balade pieds nus. Et comme en ce moment j'ai pas le courage de grand chose, je me glisse sous la couverture qui gratte. Ca vient peut-etre de là. Ou du sandwich que j'ai mangé à l'instant. Des miettes dans le ventre ou des cailloux dans la tete? Tout ce que je sais c'est que chez moi c'est un sacré bordel. Va falloir encore que je fasse le ménage avant de retrouver ca dans un carton à l'entrée d'une cellule. Allez savoir quelle cellule.. Vite, trouver un pretexte pour ne pas le faire, oh, 4 heures 31. J'ai les orteils qui claquettent au fond de mes chausettes. Trouées. Et pour bien faire, dépareillées.
Trois gorgées. A mettre dans la valise : ° Chaussettes. 4

° Pantalon. 2

° T-shirt. 2

Tic Tac. La paranoia frappe à la porte de ma cage cranienne. Et ce qu'elle frappe fort, ca résonne.  Un peu de respect pour le mobilier, deja bien usé. Bonjour, vous voulez etre de la partie? Non il n'y a plus de place desolé, repassez me hanter plus tard. Si vous pouvez, quand je serai en prison, ca m'occupera pas mal, car si ils me retrouvent j'en prends pour longtemps. Et Brindavoine ne pourra pas me rendre la pareil. ouais. Dans sa cage en béton armé, la bourgeoise moisie. Bourgoisie moisie, drole de rime, je trouve que c'est plutot juste.

° Caleçon. 4

° Pull. 6

° Gant. 2

° Brosse à dent. 1
Le reste, je le volerais dans des toilettes publiques. Je n'ai plus trop d'argent depuis que mon unique source de revenue est passée derière les barreaux. Ce n'était pas très légal mais cela suffisait à rester un minimum propre. Les savons près des lavabos font d'excelents produits douche, et les essui-mains n'éssuient pas que les mains. Sachez-le.

° Livre. 1
Survivant de Palahniuk. Ca commence par un crash en avion. Mise en condition. On va rire.

° Carnet. 1
J'en ai des choses à vous dire. Vous n'avez pas idée.

° Paquet de bonbons au miel. 2
tic tac
Les bonbons au miel ca atténue mes tics tacs. Allez savoir pourquoi. On s'est moqué de moi une fois, en me disant que ca ne changeait rien du tout. Que ce n'était qu'un pretexte pour en manger. Quatre gorgées. C'etait une fille qui ne supportait pas qu'on lui touche ses pouces, comme voulez vous etre crédible quand vous avez ce genre de comportement. Mais c'est vrai que c'est bon, les bonbons au miel.

° Billet d'avion 1
L'allé seulement.

Récapitulons...
4+2+2+4+6+2+1 = 27 (à recompter)

Angoisse. Je dois rajouter quelque chose d'impair, sinon mon avion s'écrasera. Je n'ai pas envie de faire de remake de livres que je n'ai pas encore lu. Savoir la fin avant d'avoir vu le début, ca ne m'interesse pas. Et ce mécanisme qui résonne...
Une paire de lunettes de soleil cassée fera l'affaire. Pas convaincu que ca soit utile à Berlin, en plein mois de décembre. Mais bon. Je prefere une vision sombre et rayée à un crash aérien. En plus, on ne me reconnaitra pas comme ça.

° Paire de lunette de soleil cassée. 1

Le compte y est. Je respire. Je vais enfin pouvoir partir, et me libérer. Si je reste un jour de plus dans ce trou à rat, ils vont me trouver. Et je finirais comme lui. Ou comme ses 14 personnes. En prison, ou étranglé. L'un n'est pas plus réjouissant que l'autre. Cinq gorgée. La cigarette mordillée tient en équilibre à coté de ma bouteille. Je m'appercois que depuis trente minutes je bois sans m'en rendre compte du sirop pour la toux. Rose. Et c'est meme pas bon. Vu la couleur de l'étiquette, ca doit etre le premier prix de la game à saveur "sirop pour la toux". Preferer les bonbons au miel. Ou le vin.
On m'a dit que ca réchauffait le coeur. Oui. Et aussi que ca niquait le foie.
Mon cendrier est tout juste assez fumant pour m'empecher de tout faire bruler. Mes engrenages se dérouillent un peu.  Je me leve. Fenetre fermée. ok. Volet fermé. ok. Chat.
Ai-je confié le chat au voisin?
Ah non. Plus de chat. C'est vrai.. Lui aussi a fuit la pendule.

Je crois que tout est pret. Mon avion est dans quatre tours d'horloge.
Je vérifie une derniere fois l'heure de mon bus. Raté à l'instant. Et a 5 heures et des poussières du matin, ce genre de carcasses courent pas les rues. Direction la station de métro la plus proche. Dans le creux de mon oreille, il y'a un savant fou qui prends son pied en faisant grésiller une radio et tinter des grelots contre ma parroie métalique. Cling. De manière réglière. Cling . Il y'a des cailloux qui font la fete aussi, ca s'entrechoque un peu trop à mon gout. Tapage nocturne. Cling. Je me venge en prennant cette fois ci, un verre de vin. Ca les assomera un peu. Ou alors ca sera moi. Tout le monde s'amuse dans mon crane. Au rythme cadencé du minuteur. Pour la peine, j'me casse.

Fermer la porte, a double tour. Deux fois toujours. Tic Tac.
Se retourner, verifier si elle est bien fermée.
Partir. tic.
Revenir. tac
La réouvrir. Refermer.
Mais la question que je me pose réellement ce n'est pas si cette satanée porte est bien fermée, non... Mais pourquoi je fais ca? tic tac. Ses foutus ptérodactyles qui me grattent l'interieur de ma tete. C'est ça la réponse. J'ai toujours eu un problème pour passer les portes. Pour les fermer. Et pour quitter un endroit. C'est comme si je quittais une partie de moi meme. Que je m'effaçais. Alors la seule solution que j'ai trouvée, c'est de m'acharner dessus. Preferer le terme solution qu'obsession.
Ca me rappelle une anecdote que j'ai entendue il y'a peu. Un homme qui gardait tous ses mégots de cigarettes et ceux des gens avec qui il discutait. Et il les ramenait chez lui le soir. Il avait une pièce rien que pour ça. Apparemment il ne supportait pas qu'une partie de lui meme soit jetée à la poubelle, éparpillée. Perdue. Alors il gardait tout, pour ne pas se perdre lui meme.
Mouais.
Il y'a vraiment de ses cinglés en ville de nos jours.
J'ai les poches pleines de mégots, mais c'est juste faute d'avoir autre chose à y mettre.
tic tac.
L'horloge du gardien m'insupporte.  Ses nuits sont deja longues, pourquoi compter les minutes? Les secondes, qui se n'arretent jamais. jamais. jamais. jamais. J'ai l'impression d'ettoufer, comme si ma respiration suivait le rythme et que je manquais d'air. Un métronome dans la tete, sans fin.. En boucle. Sauf si on le casse, ou que l'on enleve les piles.
Quand j'ai pas le controle sur les choses, je deviens irritable. Je deviens mécaniquement fou. Un avion en mode pilote automatique, qui n'a pas envie de l'etre. Savoir qu'il n'y aura jamais d'imprévu et que tout est déjà fixé, aseptisé, ca me donne le tournis. J'ai deja envie de vomir avant d'embarquer dans les airs.
J'aime les disques rayés, le métro en retard de ses 4 minutes d'attentes, la machine a café qui  met trois batonnets en plastique alors que je n'ai pas demandé de sucre. Les feuilles de livres qu'on a oublié de découper. Les bonbons collés entre eux dans le paquet avant meme la sortie de l'usine.
Tout ce qui n'est pas régulier, et prémédité.
Tout ce que l'on peut inventer.
Raturer, acceler, dévier. Et arreter, pour aucune raison particulière.
C'est pour ca que les tics tacs ça m'angoissent. C'est pour ca que mes faire mes lacets ça m'angoisse, ils sont destinés à se rencontrer. C'est inévitable. J'aimerai les couper. Acheter une fermeture éclaire, et faire sauter le système.
En parlant de faire sauter le système, je disjoncte, et mon avion ne m'attendra pas. La porte est enfin bien fermée. Pour les besoins de la cause, j'ai ma valise en main, les pieds sur les rails direction l'aéroport et la liberté. J'acheterais des chaussures à scratch sur le chemin.
Ai-je bien éteins le gaz?
Toujours le meme problème.